Mon Parcours
Ma première collection, je l’ai faite pour un marché de Noël à Jodoigne, le petit bourg où j’habite. Cette collection avait suscité de l’enthousiasme autour de moi, un vrai démarrage sur les chapeaux de roue !
Quand je repense à ces tout débuts, j’ai parfois la nostalgie d’une démarche très libre, instinctive, parfois bien téméraire face aux obstacles techniques.
Il s’agissait alors de chapeaux pour tous les jours, en polar, en velours, en lainages, même en tissu d’ameublement...
J’ai pu me sensibiliser aux formes et aux volumes et ainsi découvrir leur effet plus ou moins harmonieux
Très vite j’ai eu envie de créer un autre type de chapeau... Des chapeaux d’été et des chapeaux plus sophistiqués et originaux pour les mariages.
J'ai pu dénicher çà et là quelques moules à chapeau dans des brocantes... Utilisant « à défaut » seaux en plastique d’un diamètre correspondant à celui d’un tour de tête, plats en bois... Jusqu’au jour où j'ai eu l’opportunité d’acheter un lot entier de formes à chapeaux dans une maison de mode qui fermait...
Au fil des années, j’ai élargi la gamme de mes ressources... Passer du travail du para sisal, au tissu sisal, au visca, rami, buntal et bien sûr aussi découvrir le plaisir de « tirer des feutres » en hiver... De challenge en challenge, j'ai reculé mes limites techniques, consultant au besoin des modistes confirmées pour recevoir aide et conseil. C’est ainsi que j’ai appris la teinture, le travail du crin, de la toile élastique et de la sparterie, la maitrise des apprêts aussi...
Quand on me demande quel est mon style, j’ai souvent du mal à répondre... Oui j’ai mes goûts personnels et aussi ma patte, ma sensibilité. Néanmoins plus que mon style à mettre en avant, je me sens au service du style de ma cliente... C’est très moteur pour développer ma créativité de rencontrer les femmes qui porteront mes chapeaux... Tant de personnalités avec chacune, bien sûr, leurs palettes de couleur, morphologies de tête, de visage, de silhouettes. Créer chaque fois pour quelqu’un d’unique est un exercice permanent et donne un supplément d’âme à mon travail.
Dès mes débuts, j’ai travaillé avec un statut « d’indépendante complémentaire » compatible avec mon travail d’infirmière. Grâce à quelques expositions, j’ai eu mes premières clientes ensuite le bouche à oreille a fonctionné....
Ce dont je suis fière :
De la couverture du vogue américain, d’avoir été dans les coulisses par mes créations de certains grands mariages belges, de quelques expos-ventes à Paris (Carré rive gauche), mais par-dessus tout, ce dont je suis la plus fière ce sont tous les retours positifs de mes clientes qui me partagent par une photo, un petit mot, un coup de téléphone leur bonheur d’avoir porté une de mes créations.... C’est vraiment cette reconnaissance là qui dynamise mon travail !
Ce que je pense de l’avenir de ce métier.
Malgré la crise économique, je crois en l’avenir de notre métier. L’histoire de la mode témoigne qu’en temps de crise plus que n’importe quand, les créateurs sortent leur génie !
J’aime le slogan de la Grande Bretagne d’après guerre: « Go ahead, get a hat !». S’habiller avec recherche et fantaisie comme un acte de résistance aux difficultés et à la morosité ambiante !
Notre époque est intéressante dans la mutation qu’elle traverse... Nous sommes en occident inondés de textiles de fabrication asiatique....Une production qui n’est pas que « bas de gamme » mais qui est néanmoins marquée par la mondialisation et la production de masse. Dans ce contexte, l’article personnalisé, le « supplément d’âme » d’une pièce artisanale a de l’avenir ! J’ose croire que la crise économique va nous pousser à consommer moins et mieux...
En habillement, les accessoires ont de beaux jours devants eux....
De nouvelles attitudes se développent : telle la démarche de recyclage ...et dans cette mouvance un concept qui m’est cher, le concept du « réchauffé ». Ce concept n’a rien à voir avec celui du « seconde main »....Dans le «seconde main », l’objet en passant de main à main perd de sa valeur... Le concept du réchauffé est tout autre chose... Il s’agit d’une réappropriation d’un vêtement pour en faire un autre ... Ce processus donne une plus value créative à l’objet qui est revisité et réinvesti dans un cycle de vie...J’aimerais pouvoir développer ce concept plus particulièrement pour mes chapeaux d’hivers, une ligne « streetwear » poétique...